<C'est un très viel article que j'avais écris pour Dompub'n'Co. Je l'ai
ressorti en le modifiant un peu pour mon entrée (remarquée) sur le BBS RAMSES.
Il est toujours aussi drôle. On y reconnaît le SADA de la grande époque
d'Atacom et de l'Amiga...
sada@ramses.fdn.org>
L'ennemi
Quel est notre plus grand ennemi à tous ? Oui, nous tous, "Informaticiens"
comme disent les innocents. Nous, les fêlés du micro, les amoureux de LA Miga
qui passons nos journées devant les écrans, ou d'en parler, d'y penser, d'en rêver !
Quels sont nos plus grands empêcheurs de computer en rond, de double-cliquer et
de tapoter aussi vite que la lumière ?
Est-ce la panne de courant perfide, toujours malvenue, de préférence en pleine
opération DOS, ou après 30 mn de travail sans sauvegarde, qui vous fait croire à un sombre complot fomenté contre vous avec la complicité de l'EDF ?
Non, car un simple ondulateur permet de repousser le problème à quelques minutes après l'alerte, la bourse du particulier palliant à la faiblesse de l'entreprise d'Etat, comme toujours...
Est-ce les disquettes foireuses, qui READ/WRITERRORise nos requêtes systèmes ?
Bof ! 1% de perte décelé généralement au premier formatage. Seul les maniaques
ou les radins gardent ces disquettes nases, convaincus de les récupérer par
je-ne-sais-quel utilitaire miracle du DP, de les redresser en appuyant de tout
son poids sur un lecteur interne d' A500¹, d'isoler les secteurs défectueux pour garder les quelques pistes saines. Faites comme moi, jetez-les au fond d'un carton et au bout d'une dizaine, offrez-les à vos amis. Vous ferez des
heureux...²
Serait-ce les virus ? Alors là, je rigole... Vous avez déjà eu un problème de
virus sous AmigaDos 2.x, vous ? Ah bon, vous êtes sous 1.3 ? Oh, rien ne vous
empêche de constituer un musée des systèmes d'exploitation. Quoique si vous
portez le Workbench 1.3 sous PC -et non pas sur PC, un PC ne peut en aucun cas être associé à de la supériorité - , vous innoverez ! Enfin tout ça pour dire que les virus sur Amiga, il y en a moins que d'anti-virus gratuits. Non, sans blague, les virus j'en ai rencontré 3 en 4 ans d'Amiga intensif et ils n'ont pas fait long feu croyez-moi.
Les professeurs ? Les supérieurs hiérarchiques... Ah oui, ceux là ils nous font bien perdre du temps, mais bon, on contourne le problème n'est-ce pas ?
Non, mes bien chers frères, en vérité je vous le dis, l'ennemi de l'afficianados, c'est la connectique ! D'ailleurs, dans le mot même, comme un indice, un avertissement à nos oreilles, il y a un gros mot...
Oui, mes frères, le fil, le cable, voilà le diable de nos temps modernes !!!
Le branchement par là même d'où vient la fée électricitée qui illumine nos écrans, nos diodes et nos vies, le branchement disais-je est une perfidie sans nom, un traîte à la perfection virtuelle de nos environnements ! Ces infâmes n'ont pas de nom, ainsi les designent t-on par leur basse fonction : les cables d'alimentation, le cable du moniteur, le cable de la souris, le cable du joystick, le cable de l'imprimante, le cable du minitel. Et ces coquins s'accouplent avec des ports - série, parralèle, video, audio, souris.
Oui, les cables ! Ils font le malheur des rédacteurs des manuels d'installation. Ils sont laids, ils sont gauches, il se tordent, il se débranchent... Ils sont le colori mal assorti de nos plastiques noirs et crêmes. Ils sont la honte de nos bureaux pensés et rangés. Ils sont le serpent du mal qui court sur la moquette, sur le parquet, sous les tables et les tapis. Ils sont le traîte qui fait tomber, qui bloque la chaise roulante. Ils sont l'instabilité de la vie de nos ordinateurs, et on ne peut même pas se venger d'eux en tirant dessus : ça se débranche, ça fausse les ports, ça fait tomber nos précieux matériels ! Et ils y mettent de la mauvaise volonté, exprés. Toujours tordus du mauvais coté, toujours coincés, ou à l'inverse toujours tombés à l'endroit innaccessible, toujours trop courts, toujours trop longs. Et que dire de cet emmêlement suspect et inextricable qui ne manque jamais de se produire entre celle de la souris et celui du joystick, hein ?
Vous ne me croyez pas ? Mais ouvrez les yeux, bon sang !
Qui n'a jamais manqué de prises pour brancher tout ça ? Qui n'a jamais maudi la sérigraphie illisible au dos de la machine où tous les ports se ressemblent ? Qui n'a pas été obligé de se tordre le dos, sur la pointe sur les pieds, le bras tendu pour visser du bout des doigts ? Qui n'a jamais rampé sous le bureau par leur faute ? Qui n'a pas été obligé de tout éteindre pour connecter le périphérique soudain nécéssaire ? Quelles sont ces queues informes qui traînent hors de nos bêtes lors d'un déplacement ? Qui a jamais connu l'horreur du chaînon manquant, du cable oublié après le déplacement ?
Combien de fois ai-je voulu un triple port parrallèle pour connecter une fois pour toute l'imprimante, le digi-view et le digitaliseur sonore³ ?
Qui m'a condamné à brancher et débrancher sans arrêt le cable de la caméra entre digi-view et moniteur de contrôle ? Pourquoi le cable du minitel doit-il être visé ? Pourquoi les sorties son de mon radiocassette sont-elles en faux contacts ?
Les cables, les fils, les tuyaux....
ILS sont partout ! ILS nous guettent, ILS se moquent de nous ! On a beau
rajouter de la mémoire, avoir des disques durs, des cartes internes, le
meilleur système multi-tâche, personnalisé avec soin, optimisé avec patience,
relooké avec amour... ILS sont encore plus nombreux avec les extensions
externes... Au secours !
ILS SONT ENCORE LÀ, au moment où je prends mon pied à jouer à Virtuality, à
Imagina, en plein espace 3D face pleine temps réel, les lunettes-écrans sur les
yeux, tirant juste et bien comme un dieu devant 30 personnes qui m'envient et
piaffent d'impatiente, à côté de trois charmantes hôtesses..., ILS étaient
encore là pour me faire trébucher et me ridiculiser ! ARGhhhhhhhhhhhhhhhhhhh...
...
On a retrouvé Stéphane Anquetil mort dans sa chambre, devant son Amiga éteint :
nuque brisée. Le cable de sa souris autour du cou a provoqué une légère
strangulation mais ne pouvant occasionner la mort. Il semblerait qu'on lui a
serré les poignets car on y voit de plus grosses marques, de la taille d'un
cable. Le moniteur, lui est resté allumé. Le clavier était suspendu dans le
vide par le fil. En se débattant, Stéphane a dû reculer violement sa chaise de
bureau roulante. Les roulettes de la chaise ont du rencontrer un obstacle sur
le sol, provoquant une chute qui s'est mal terminée pour le jeune garcon de 21
ans. Il est vrai que le sol était jonché de courrier en retard, de disquettes
entassées et d'une rallonge qui prenait le courant triphasé dans le couloir. On
ne sait pas comment l'Amiga 2000 s'est éteint tout seul, car d'évidence
Stéphane était en train de travailler dessus à la rédaction d'articles.
Stéphane Anquetil, surnommé Sada, était un membre actif d'Atacom, de Bélier
Production et de Corsaire Production. Il s'occupait entre autres du journal
d'Atacom, de DP, et d'infographie. Il était par ailleurs étudiant aux beaux
Arts de Caen en 2ème année de Design de Communication.
Les enquêteurs s'orientent sur deux pistes.
Premièrement, une vengeance de Serge Hammouche, qui paraît-il n'aurait pas
digéré un article de critique de AFont 1.3, un programme de Denis Gounelle
sponsorisé par Serge Hammouche, acheté et testé par Stéphane. Des menaces sur
minitel auraient suivies. Celles-çi ne pouvant être prise comme preuve, on
recherche activement les deux télégrammes qu'aurait envoyé Serge Hammouche.
Deuxièmement, la piste de la relation sado-maso qui a mal tourné. Stéphane, qui
a choisi son pseudo Sada en hommage au marquis de Sade, était bien connu des
lecteurs d'Amitel pour ses allusions à ce style de perversion sexuelle. On
imagine très bien une conquète se rebellant de sa condition de dominée pour
faire subir à son tour à son maître les affres du bondage.
Ah l'heure où nous écrivons, l'enquête suit son cours.
Pour les personnes intéressées, le matériel informatique (et autour) de Sada
sera mis aux enchères prochainement, dès qu'on aura réussi à démêler les
fils...
¹ Cette astuce est AUTHENTIQUE.
² Conseil : Servez-vous en pour stocker des démos non-Dos.